samedi 19 novembre 2011

DÉDICACE AUX GENS DE CAVALLO By Antar Lamine


DÉDICACE AUX GENS DE CAVALLO


L’homme est rongé par ses passions, arguant à mauvais escient du pouvoir de la force et l’utilisant. Il n’a de cesse que tout vouloir posséder, pour le garder à jamais. Loin du désir d’honorablement partager.




SALUT A LA TERRE DE MES AÏEUX

Bonjour, Ô ma terre, celle de mes aïeux. Il me revient des souvenirs d’antan, les souvenirs de ces endroits où, jadis, les espaces étaient libres et verdoyants, sans frontières ni limites, à travers lesquels prenaient plaisir à galoper nos fiers cavaliers et nos purs sangs. Terre de paradis, paysages de rêves, ciselés par la volonté divine pour en faire une œuvre d’art et des bijoux d’orfèvre. Bonjour aux senteurs printanières de ces sentiers parsemés de couleurs, celles de toutes les fleurs, et aussi à ces chemins bordés de toutes les essences et de tant de verdure.

Salutations à ces grands arbres, au tronc si majestueux, à l’essence rare qui, autrefois, peuplaient nos forêts à en cacher le ciel, au cœur desquels régnait tant de fraîcheur, et là où l’âme se sentait apaisée et l’homme si près de son créateur. L’esprit en communion à considérer l’immensité de la mer et ses lointains horizons. Bonjour à la faune et à ses diverses espèces en liberté, du lion d’Afrique rugissant à la gracieuse gazelle dans sa course éperdue. Bonjour à nos rivières au cours sinueux et à la majesté de nos montagnes verdoyantes, à travers les monts  desquels avaient retentis tous les cris de la révolte, poussés par la gorge de tant d’hommes dans leur refus d’être enchaînés et mis en esclavage.

Salut encore à tous ces hommes et à toutes ces femmes. Aux gens de toutes les tribus du cercle de Jijel, cultivant et labourant, le bétail élevant, dans la sérénité vivant. Hommage aussi à leur population ; farouches guerriers devant lesquels tant d’envahisseurs s'étaient heurtés au  mur de leur résistance, leur barrant le passage et s’y opposant. Tant d’hommes et de femmes tombés en héros devant la furie guerrière de l’ennemi, succombant devant ses lances et la pluie de ses flèches. Décimés ensuite par les coups de ses fusils et ceux de ses canons, malgré tout livrant bataille et s’insurgeant. Tous unis par un idéal de liberté, avec bravoure et n’en démordant, défendant leurs terres des griffes du barbare. Ni El Mokrani et les autres chefs n’abdiquant.

Que deviens-tu aujourd’hui, Ô divine région, livrée en toute impunité à de viles convoitises et à tous les accaparements. Que sont devenues les vastes étendues de terre de mes aïeux ? Et vous, Ô luxuriantes forêts dans lesquelles vivaient tant d’animaux ? Ô gens de toutes les tribus, où êtes-vous ? Il n’est plus qu’autant de désolation. Il est toutes ces constructions, bâties sur autant de ces fertiles terres, martyrisées, choisies pour mieux les saccager. Disparu ce bon grain nourricier, regorgeant de soleil, qui avait rassasié tant de générations. Disparu l’horizon. La vue est à ce point, si courte devenue. Se heurtant à tant de barrières et à tous ces murs. Il est tous ces barbelés déroulés, marquant les frontières de tout ce qui est dérobé pour mieux le cacher, en empêchant les accès. Il est des tours à tout surveiller pour tous éloigner.

Ainsi tout a disparu. Les forêts décimées, réduites en cendres par tant d’incendies. Les animaux chassés et leurs espèces éteintes. Les rivières ne suivent plus leur cours parce que détourné. Jusqu’au poisson qui a fuit, tellement les fonds sont salis. Toutes les rives bâties de rouge, muraille étouffante, la mer cachant, ses effluves éloignant. Il est toutes ces horreurs en aversion. L’homme est rongé par ses passions, arguant à mauvais escient  du pouvoir de la force et l’utilisant. Il n’a de cesse que tout vouloir posséder, pour le garder à jamais. Loin du désir de partager honorablement. Le plus faible dépossédé et de tout spolié. Il est le règne de la spéculation et la course à l’argent. Tant de beautés réduites à néant. La barbarie de tout s’emparant. Ses individus d’orgueil étouffant.

Aux hommes de ce temps, à ces gens des nouvelles générations, de tout dépossédés en toute fatalité, tellement malheureux, saoulés et aliénés, à l’esprit obnubilé et obscurci, sur lesquels pèse la chape de l’oppression, il n’est personne cultivant les nobles valeurs auquel s’adresser et plaider une cause. Seule reste la volonté et l’esprit de résolution. Il n’est point d’autre solution que le courage et l’abnégation,  se conformer à l’esprit des gens d’antan, entreprendre et se défendre en se vouant au pouvoir de Dieu.

Antar Lamine

1 commentaire:

Noureddine KIas a dit…

Mr Antar Lamine, Respects! Comme disait un certain Mohamed El-Ghoul a la lecture de ton poème.

Merci Mr Letemquipasse, Merci mon ami.