DÉDICACE
AUX GENS DE CAVALLO
L’homme est rongé par ses passions, arguant à mauvais escient du pouvoir de
la force et l’utilisant. Il n’a de cesse que tout vouloir posséder, pour le
garder à jamais. Loin du désir d’honorablement partager.
SALUT A LA TERRE DE MES AÏEUX
Bonjour,
Ô ma terre, celle de mes aïeux. Il me revient des souvenirs d’antan, les
souvenirs de ces endroits où, jadis, les espaces étaient libres et verdoyants,
sans frontières ni limites, à travers lesquels prenaient plaisir à galoper nos
fiers cavaliers et nos purs sangs. Terre de paradis, paysages de rêves, ciselés
par la volonté divine pour en faire une œuvre d’art et des bijoux d’orfèvre.
Bonjour aux senteurs printanières de ces sentiers parsemés de couleurs, celles
de toutes les fleurs, et aussi à ces chemins bordés de toutes les essences et
de tant de verdure.
Salutations
à ces grands arbres, au tronc si majestueux, à l’essence rare qui, autrefois,
peuplaient nos forêts à en cacher le ciel, au cœur desquels régnait tant de fraîcheur,
et là où l’âme se sentait apaisée et l’homme si près de son créateur. L’esprit
en communion à considérer l’immensité de la mer et ses lointains horizons.
Bonjour à la faune et à ses diverses espèces en liberté, du lion d’Afrique
rugissant à la gracieuse gazelle dans sa course éperdue. Bonjour à nos rivières
au cours sinueux et à la majesté de nos montagnes verdoyantes, à travers les
monts desquels avaient retentis tous les cris de la révolte, poussés par
la gorge de tant d’hommes dans leur refus d’être enchaînés et mis en esclavage.
Salut
encore à tous ces hommes et à toutes ces femmes. Aux gens de toutes les tribus
du cercle de Jijel, cultivant et labourant, le bétail élevant, dans la sérénité
vivant. Hommage aussi à leur population ; farouches guerriers devant
lesquels tant d’envahisseurs s'étaient heurtés au mur de leur
résistance, leur barrant le passage et s’y opposant. Tant d’hommes et de femmes
tombés en héros devant la furie guerrière de l’ennemi, succombant devant ses lances
et la pluie de ses flèches. Décimés ensuite par les coups de ses fusils et ceux
de ses canons, malgré tout livrant bataille et s’insurgeant. Tous unis par un
idéal de liberté, avec bravoure et n’en démordant, défendant leurs terres des
griffes du barbare. Ni El Mokrani et les autres chefs n’abdiquant.
Que
deviens-tu aujourd’hui, Ô divine région, livrée en toute impunité à de
viles convoitises et à tous les accaparements. Que sont devenues les
vastes étendues de terre de mes aïeux ? Et vous, Ô luxuriantes forêts dans
lesquelles vivaient tant d’animaux ? Ô gens de toutes les tribus, où
êtes-vous ? Il n’est plus qu’autant de désolation. Il est toutes ces
constructions, bâties sur autant de ces fertiles terres, martyrisées, choisies
pour mieux les saccager. Disparu ce bon grain nourricier, regorgeant de soleil,
qui avait rassasié tant de générations. Disparu l’horizon. La vue est à ce
point, si courte devenue. Se heurtant à tant de barrières et à tous ces murs.
Il est tous ces barbelés déroulés, marquant les frontières de tout ce qui est
dérobé pour mieux le cacher, en empêchant les accès. Il est des tours à tout
surveiller pour tous éloigner.
Ainsi
tout a disparu. Les forêts décimées, réduites en cendres par tant d’incendies.
Les animaux chassés et leurs espèces éteintes. Les rivières ne suivent plus
leur cours parce que détourné. Jusqu’au poisson qui a fuit, tellement les fonds
sont salis. Toutes les rives bâties de rouge, muraille étouffante, la mer
cachant, ses effluves éloignant. Il est toutes ces horreurs en aversion.
L’homme est rongé par ses passions, arguant à mauvais escient du
pouvoir de la force et l’utilisant. Il n’a de cesse que tout vouloir posséder,
pour le garder à jamais. Loin du désir de partager honorablement. Le plus
faible dépossédé et de tout spolié. Il est le règne de la spéculation et la
course à l’argent. Tant de beautés réduites à néant. La barbarie de tout
s’emparant. Ses individus d’orgueil étouffant.
Aux
hommes de ce temps, à ces gens des nouvelles générations, de tout dépossédés en
toute fatalité, tellement malheureux, saoulés et aliénés, à l’esprit obnubilé
et obscurci, sur lesquels pèse la chape de l’oppression, il n’est personne
cultivant les nobles valeurs auquel s’adresser et plaider une cause. Seule
reste la volonté et l’esprit de résolution. Il n’est point d’autre solution que
le courage et l’abnégation, se conformer à l’esprit des gens
d’antan, entreprendre et se défendre en se vouant au pouvoir de Dieu.
Antar
Lamine
1 commentaire:
Mr Antar Lamine, Respects! Comme disait un certain Mohamed El-Ghoul a la lecture de ton poème.
Merci Mr Letemquipasse, Merci mon ami.
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